La militarisation de l’espace n’est plus un scénario de science-fiction. Entre le développement d’armes antisatellites, les cyberattaques visant des infrastructures orbitales et le risque croissant de tempêtes solaires majeures, les communications mondiales basées sur les satellites sont désormais exposées à des vulnérabilités concrètes. Cette situation oblige à repenser l’architecture de nos systèmes d’information et à protéger les réseaux terrestres qui garantissent une continuité opérationnelle, comme la radio FM et le DAB+.
Une panne satellitaire : des conséquences durables
En cas de destruction massive des satellites – qu’elle soit due à un conflit armé, un acte de malveillance, ou un événement cosmique – la paralysie serait immédiate. Les spécialistes estiment :
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Une interruption initiale totale de plusieurs semaines, affectant Internet, les GPS, les télécoms, les services de streaming et les échanges financiers mondiaux.
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Un rétablissement partiel possible sous 6 à 18 mois, selon les ressources industrielles mobilisées.
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Un retour complet à la normale sous 3 à 5 ans, compte tenu de la complexité des relances satellitaires à grande échelle.
Durant cette période, la communication numérique moderne serait extrêmement limitée, voire totalement inopérante dans de nombreuses zones.
Médias numériques et publicité : les victimes immédiates
Les secteurs de l’information et de la publicité dépendants d’Internet seraient immédiatement frappés :
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Webradios, podcasts, plateformes audio/vidéo : arrêt brutal de la diffusion.
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Réseaux sociaux : inaccessibles.
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TV satellite et IPTV : interrompues.
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Publicité digitale : neutralisée, coupant une source de revenus essentielle pour les médias.
Les territoires ne disposant pas de médias FM/DAB locaux actifs seraient déconnectés de toute information fiable.
La FM et le DAB : la résilience par la technologie terrestre
FM et DAB+ partagent plusieurs atouts essentiels :
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Diffusion terrestre, possiblement indépendante des satellites
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Infrastructures déjà en place sur tout le territoire
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Accessibilité immédiate par simple poste radio (à piles ou voiture)
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Capacité à couvrir rapidement de vastes zones
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Support idéal pour la communication d’urgence et la coordination locale
Pendant la guerre en Ukraine, plusieurs stations FM locales ont permis la continuité de l’information malgré les coupures numériques. En Norvège, où la FM avait été abandonnée, des voix s’élèvent pour envisager son retour face au risque de conflit avec la Russie.
Tableau comparatif : infrastructures satellitaires vs alternatives terrestres
Et le coût de la double diffusion FM + DAB ?
La FM est la solution qui offre la meilleure couverture compte tenu du nombre de récepteurs recensés dans les foyers français (90% des foyers possèdent un support dédié à la radio selon l’Arcom 2023). Maintenir deux réseaux peut sembler coûteux. Pourtant, ce double système constitue une assurance stratégique qui devrait être soutenue par l’état : aides publiques ciblées dans une logique de sécurité civile, inclusion dans les politiques de souveraineté numérique et de défense (comme la cybersécurité)…
Il s’agit moins d’un coût que d’un investissement dans la résilience nationale, à l’instar de la maintenance d’un réseau électrique ou ferroviaire.
Conclusion : garantir l’accès à l’information, même sans satellites
Préserver la FM et le DAB, c’est garantir un filet de sécurité technologique. Ces réseaux permettent d’assurer la continuité de l’information locale, d’alerter les populations, de maintenir le lien social, et de soutenir les acteurs économiques, même en cas de crise globale.
Dans un monde incertain et vulnérable, la radio terrestre reste le média le plus robuste.
Michel Colin
Mediatic Conseils
Référence : « Qu’est-ce qui se passerait si tous nos satellites étaient… Soudain, détruit ? » SatMagazine.com Sept. 2015